La violence et la violence conjugale en particulier est un problème complexe qui n'a pas UN seul antidote mais bel et bien plusieurs branches à traiter pour l'enrayer.
En tant qu'AM, Educateur de jeunes enfants nous avons notre role à jouer en distillant à chaque instant les preceptes de bienveillance, de tolerance, de respect et d'égalité.
Si j'observe l'histoire de ma Grand-Mère et que j'ai mis longtemps à comprendre (et elle aussi, ce qui était du coup culpabilisant là où elle était une victime) c'est qu'elle a été élevée dès son plus jeune âge pour être servile ce qui a permis qu'elle accepte de se marier avec cet Homme cruel parce qu'elle pensait que c'était la norme, qu'elle meritait ce traitement, il a fallut près de 11 ans et le regard et les mots d'une infirmière à l'hôpital pour que tout doucement elle réalise que son calvaire était innacceptable et qu'il l'a mettait en peril elle et ses enfants. Il en faut du courage pour "déconstruire" toutes les croyances destructrices, et peut être l'energie du desespoir pour avoir le courage de prendre le risque de dénoncer et s'en aller surtout quand on sait que la violence ne s'arrêtera pas avec la séparation, encore moins quand on obligera la victime à garder un contacte avec son bourreau "pour le bien des enfants". La victime reste piégée.
Et oui même si notre société patriarcale ammène très majoritairement plus de Femmes à être victime que d'Hommes il est encore plus difficile pour un Homme de se sortir de cet enfer car le poids de la honte est largement décuplé. Aussi parce qu'on méprise l'impacte de la violence psychologique.
On est au début du chemin pour comprendre que la violence psychologique devance la violence physique, que c'est la raison pour laquelle la victime est si prisonnière. Et oui pour les acteurs de la justice c'est difficile de rester spectateur quand on a envie de secouer cette personne pour qu'elle arrête de se jeter dans les bras de son bourreau. Ce sentiment d'aller à contre courant peut décourager et là il n'y a qu'un pas pour penser "bof, cette victime aime être victime, elle ne veut pas vraiment s'en sortir". personne n'aime être victime mais tout le monde a besoin de se sentir aimé, exsister.
Ce que je peux dire aussi c'est que si heureusement ma Grand-Mère a trouvé ce courage inouïe (surtout dans les années 60 où elle et ses 5 enfants ont été la risée de toute la communauté jusqu'aux enseignants!), l'impacte sur ces 5 enfants aujourd'hui devenu adultes, parents, grand parents et plus a été incommensurable.
Et oui il faudra encore des decennies pour que tous le système de pensée de notre société ainsi que de la justice et de la protection des Enfants puisse évoluer.
Pour que plus jamais un Père puisse dire "ce n'est pas grave, je l'ai juste jetée sur le lit" et qu'on puisse entendre que ce serait minime.
Minime par rapport à quoi?
Imaginons un instant que nous avons 2 ans et que nous assistons à cette scène: Papa jette Maman sur le lit...