Concernant le câlin d'après crise.
Durant longtemps je me disais qu'il serait tout simplement contradictoire de "récompenser" la crise par un câlin.
Mais ce qu'on apprend sur l'émotion forte du très jeune enfant c'est qu'il ne fait pas expres de ressentir cette émotion qui s'exprime toujours par le corps (gesticulation, cris...) et qu'à ce moment précis il est "hors de lui", comme dispersé, donc le calin parce qu'avec nos bras on va devenir contenant aiderait l'enfant à se recentrer. L'idée n'est donc pas de lui témoigner de l'affection et de lui dire "je t'aime... quand tu crie" mais seulement de le contenir.
On apprend aussi que le tout jeune enfant a un besoin vital de lien et donc passer un trop long moment "coupé" de ce lien vital peut générer chez lui encore plus de colère (et surtout d'émotion debordante, issue de la peur de ne plus disposer de ce lien vital, d'être rejeté).
MAIS
Je considère AUSSI que l'adulte que je suis merite AUTANT de considération pour ma propre émotion donc oui on a le droit de dire à l'enfant que là tout de suite on n'a pas envie d'offrir ce moment de tendresse parce qu'on a trouvé désagréable cette scène mais plus tard quand on sera nous même calmé surement que ce sera possible.
On peut aussi lui demander si lui veut nous faire un calin, mais c'est alors plutôt l'enfant qui le fait que moi.
Et oui car l'enfant va beaucoup apprendre grace à l'exemple et donc lui montrer comment nous même nous gerons notre emotion, qu'avoir des émotions c'est normal, l'aidera aussi lui à gerer les siennes. L'idée n'étant pas de punir l'enfant en lui refusant un calin mais plutôt de s'accorder à soi même la même bienveillance qu'on se doit d'accorder au petit enfant en construction.
Il peut m'arriver aussi de dire à un enfant (calmement) qu'il a le droit de ressentir de la colère (frustration et autre) mais que nous (les adultes et les autres copains) avons le droit de ne pas subir ça dans nos oreilles donc pour le bien de chacun je lui propose d'aller dans la chambre, dans le lit pour qu'il ne puisse pas se faire mal (sans doudou ou tetine qui ne doivent pas être une recompense à la crise et bien sur lumière allumé car ce n'est pas le temps de sieste) et qu'il a ici le droit et je l'y encourage, de crier très très fort pour exprimer sa colère... hors de nos oreilles à nous. Dès qu'il est calmé il pourra choisir de revenir vers nous pour des jeux (du lien!). Il ne s'agit donc pas du tout de punition mais de respecter le besoin de chacun et ça a aussi l'interêt que l'enfant qui pense obtenir ce qu'il veut en criant: l'attention, n'en n'a pas, pas de bénéfice associé à ce deferlement de cris.
La difficulté est de ne pas rentrer dans une spirale, un cercle viscieux où l'enfant fini par ne plus savoir comment créer du lien autrement qu'au travers de la colère qu'il exprime et surtout celle qu'il genère chez l'autre. Eviter l'escalade dont il ne saura pas sortir seul.
Tout ça c'est de la théorie beaucoup plus facile à écrire qu'à vivre car oh que oui nous aussi sommes fait d'émotion!
Et moi aussi qui peux pourtant expliquer comment prendre du recul je peux être exaspérée (suis un être humain!) mais grace à ces connaissances j'arrive mieux et plus vite à prendre du recul et ne pas ajouter ma colère à celle de l'enfant. Mais si c'est le cas je le dis avec des mots, pour que l'enfant en grandissant apprenne à utiliser des mots plutôt que des cries ou des gestes.
Moralité: ne culpabilise pas de ressentir ce que tu ressens car ton émotion est OK, tout autant que celle de l'enfant.