Dans ma première vie pro finir en retard était si fréquent que finir à l'heure devenait exceptionnel, c'est dire.
Jusqu'au moment où je suis devenue la responsable et donc que c'est uniquement moi qui décidais si en effet je prenais cette dernière demande qui risquait de me faire finir plus tard ou non et la plupart du temps c'était non et ma patronne ne s'y opposait plus car j'avais appris à me faire respecter à ce sujet. Donc si elle allait à l'envers de mon choix elle se retrouvait à devoir se charger elle même de cette dernière demande et moi je m'en allais.
Mais ça m'a pris des années pour être capable de m'affirmer tant vis à vis du client qui demande-insiste, que de mon employeur qui estimait qu'il était normal de prendre tout le monde pour qu'il n'aille pas à la concurrence mais s'en allait elle nous laissant la tache à accomplir... sans nous payer nos HS!
Quand nous sommes AM, ce qui rends à la longue insupportables ces retards c'est que nous avons le sentiment d'être piégés, nous n'avons pas la possibilité de rentrer chez nous à l'heure donnée puisque nous sommes bien obligés d'attendre que quelqu'un veuille bien recuperer l'enfant.
La difficulté aussi c'est que chaque PE (donc 6 à 8 si ce n'est plus) peut avoir l'impression que ça n'arrive pas souvent, une à 2 fois dans le mois, mais multiplié par 6 à 8 PE, qui s'accordent rarement pour être en retard tous le même jour, cela devient alors quotidien.
Qui plus est même se faire payer ce retard ne resoult pas le problème car être payée seulement 3 ou 4€ PAR HEURE, quand le retardataire est le seul bin non ça ne vaut même pas le coup d'être payée.
Et oui reconnaissons aussi que le retard à 17h est un peu moins crispant que celui à 18h30.
Que celui qui est toujours en retard le soir mais jamais en avance par contre nous laisse le sentiment de nous prendre pour une courge.
Que nous pouvons devenir plus "tatillonnes" sur le sujet surtout quand lors de l'établissement du contrat le PE lui même a été très rigoureux pour prévoir un temps d'accueil au plus juste.
Alors quand on mets tout ça bout à bout et qu'en prime le PE qui arrive pile à l'heure où l'enfant est censé quitter notre domicile (quand ce n'est pas 3 à 5 mn' après l'heure parce que quand même "on n'est pas à 5 mn près") il s’éternise voulant encore une transmission détaillée de 15 minutes alors oui au bout d'un moment l'AM peut devenir psycho rigide sur la question de la montre.
Ce d'autant plus que notre CCN a cru bon de préciser que le temps de travail payé c'est bien l'heure prévu au contrat le matin sauf si c'est anterieure (il faut payer en plus) jusqu'à l'heure prévue au contrat le soir sauf si c'est posterieur (il faut payer en plus) et que c'est bien le temps où l'enfant est présent et non le PE.
Aussi parce qu'au fond de notre cerveau il y a un vilain fantôme qui nous susurre que ce PE qui arrive en retard nous méprise car nous faisons un sous-metier, à peine une Femme au Foyer qui en même temps garde des enfants, qui a la chance d'être déjà chez elle, oubliant que chez elle ne devient chez elle qu'en l'absence des accueillis.
En vrai il ne nous meprise pas mais c'est aussi notre propre sentiment qui fait écho...
Bref, les retards, avec le sujet de la maladie sont des sujets à crispation qui avec le temps devient de plus en plus difficile car en prime quand on a depensé beaucoup d'energie pour se faire comprendre d'un PE, quelques temps plus tard il faut recommencer avec la Famille suivante.
Il est evident qu'en 20 ans ma façon de gerer la situation n'est plus la même, je suis plus blasée et moins cool.
Et donc je ne rougie pas si j'expedie une transmission en 2 minutes montre en main, d'autant qu'il y a un carnet de liaison, quand le PE se permet de m'imposer d'arriver tardivement.