Alors là, loin de moi l'idée de juger ton "manque de patience" car oh que oui je sais très bien que c'est usant, exaspérant et surtout que nous sommes des êtres humains nous aussi donc on peut finir par se sentir nous même agressées par ce genre de comportement.
On est d'accord qu'à cet âge là ce n'est pas rare comme type d’expérience chez le jeune enfant mais ce qui t'use, au fond, c'est bien le sentiment d'aller à contre courant, n'est ce pas? Et là, oui, je te confirme que le travail avec cet enfant va être beaucoup plus long et compliqué car même si le Parent aime à penser que leur enfant passant souvent plus de temps en heure chez nous que chez eux et donc que c'est nous qui faisons l'éducation (et donc les responsabilités comme "chez la 1ere Nounou il y avait un enfant qui tapait donc il reproduit") il n'empêche que la réalité c'est que l'enfant se construit avant tout avec le modèle de ses Parents, même quand il ne les voit qu'une heure par jour. Et que si le discours d'être doux, de ne pas taper avait été si claire de la part de TOUS les adultes, y compris dans le jeu, cet enfant qui ne voit plus "le copain tappeur" aurait déjà changé son attitude, surtout à 18 mois.
Et tu vois qu'en échangeant ensemble ici on découvre qu'il y a un autre élément, de taille: Papa est rugbyman, Papa aime faire des jeux dit "de garçons" où on se plaque, on se tape avec des coussins (sans se faire mal sans doute), Papa est flatté de se reconnaître dans ce mini-moi, voir rassuré (attend il le même type de comportement avec sa fille? Pas sur).
A mon avis, si tu veux pouvoir avancer avec ce dossier il va falloir trouver le moyen de discuter de tout ça, hors des oreilles de ce petit bonhomme, avec ses 2 Parents (peut être que Maman sera plus à même d'entendre au début et de faire entendre raison au papa).
Je commencerai par dire combien moi, en tant que Maman, je peux me sentir formidablement flattée, enchantée de constater comme mon enfant me ressemble et cherche à me ressembler. Les Parents vont sourires d'aise et de satisfaction car c'est résolument vrai et positif. Leurs oreilles seront donc toutes ouvertes pour écouter la suite, ce d'autant plus qu'ils auront commencé par entendre que je suis comme eux donc ne les juge surtout pas (ce qui est vrai!). Puis je leur expliquerais qu'à 30 ou 40 ans, l'adulte que nous sommes est parfaitement capable de maitriser ses gestes, de savoir quand, avec qui et comment peut on jouer, comme au rugby par exemple. Mais a 18 mois le tout petit enfant qui par nature est impulsif et ne sait pas encore se décentrer de lui même pour comprendre que ses actions sur les autres peuvent infliger des blessures ou même un sentiment désagréable il est donc absoluement beaucoup trop jeune pour l'initier à des jeux de rugby, de judo ou tout autre jeux de contact musclé. J'expliquerai que je suis bien certaine que Papa, pour ne pas le citer, n'a pas eut conscience jusqu'à présent que si son petit bonhomme entre en contact de façon si brutal c'est principallement parce qu'il pense "jouer comme Papa", faire ce qu'on attend de lui. Sauf qu'il ne peut pas savoir quand, comment et avec qui il peut le faire. Du coup, quand il se fait gronder, punir, exclure c'est assez confusant pour lui car pourquoi quand je joue avec Papa c'est OK mais pas à d'autre moment et avec d'autre gens? J'imagine que Papa, s'il travaille dans un bureau, lui qui est adulte, il sait qu'il ne va pas plaquer au sol Béatrice de la compta pour rentrer en contact avec elle, n'est ce pas? Sauf que Papa n'a pas 18 mois! Voilà, une petite touche d'humour pour faire comprendre aux 2 Parents qu'il va être bon pour les prochains mois (années!) de trouver des jeux sociaux plus soft et d'expliquer clairement à ce petit garçon qu'on s'est trompé en pensant que ça pourrait être amusant alors que pour l'instant il est trop jeune pour ça.
Que se passera t il s'il n'y a pas de moment de réalisation des Parents?
Tous les autres adultes autour de lui vont tenter, avec plus ou moins de succés, de redresser ce petit garçon.
Vous allez avec beaucoup de temps et de constance, reussir surement à limiter ce type d'attitude mais certainement pas à résoudre ça profondément car l'enfant se construit pour 80% de ce que ses Parents lui donnent, ce d'autant plus s'il perçoit que ça génère un grand plaisir chez son Parent.
Ce qui est dommage pour cet enfant c'est que si les Parents (ici le Papa) n'arrive pas à réprimer son propre besoin d'être ainsi flatté par la création de ce mini-moi, c'est que lui il va l’adorer, certes (c'est merveilleux) mais le reste du monde autour finira par le prendre en grippe, a ne plus vouloir jouer avec lui et si on aime son enfant ne devrions pas vouloir que tout le monde l'aime, pas seulement nous?!
Ici ce qui est difficile pour toi c'est que ce n'est pas un dossier que tu as eut dès le debut, pour pouvoir discuter de tout ça au fur et à mesure que tu aurais observé des choses qui prennent des proportions hors norme. Tu ne sais pas non plus si tout ça a pu être déjà abordé par la 1ere AM ou bien s'est elle dit qu'elle ne pouvait pas en tant que salariée aborder ce sujet? Sauf qu'en tant que pro petite enfance oui on peut (doit) aborder ces sujets pour offrir des clefs aux Parents, surtout s'il y a difficulté pour l'enfant.
Ce qui est difficile aussi c'est qu'il s'agit d'un CDD, que tu ne peux rompre qu'en la faveur d'un CDI.
Donc oui tu peux avoir en prime ce sentiment d'être piégée.
Je pense vraiment que ta seule chance de ne pas trop subir jusqu'à février c'est de prendre ton courage à 2 mains et ouvrir cette discussion avec les Parents. Quitte a leur demander si on peut s'appeller durant une sieste car tu aimerais vraiment pouvoir denouer une difficulté avec leur enfant.
Surtout tu garderas toujours à l'esprit de parler de l'interet de l'enfant (ne pas finir par etre ostracisé!) et d'affirmer que tu es bien certaine que les Parents ont pensé jusqu'à présent qu'avec tout leur amour pour leur enfant (car c'est ultra vrai!) mais que l'amour ne suffit pas toujours ;-)